Cagliostro et la Haute Maçonnerie Egptienne
Les origines de la Haute Maçonnerie égyptienne
- Contexte historique
La Haute Maçonnerie égyptienne trouve ses origines dans le contexte historique et culturel du XVIIIe siècle, une période marquée par un regain d’intérêt pour l’Égypte ancienne et ses mystères. Les découvertes archéologiques et les traductions des textes anciens ont suscité la curiosité des érudits et des mystiques de l’époque, qui ont cherché à percer les secrets de cette civilisation antique et à en tirer des enseignements spirituels.
- Influence de Cagliostro
Le Comte de Cagliostro est considéré comme l’un des principaux fondateurs de la Haute Maçonnerie égyptienne. Cagliostro était un alchimiste, un occultiste et un franc-maçon, qui avait été initié aux secrets de l’Égypte ancienne lors de ses voyages à travers l’Europe et le Moyen-Orient.
Il est souvent mentionné qu’un certain Althotas, un alchimiste et sage égyptien, aurait été le principal maître de Cagliostro. Cependant, les preuves historiques concernant l’existence d’Althotas sont rares. En réalité Althotas est un personnage allégorique derrière lesquels se cachent les véritables Maîtres Cagliostro. On retrouve là la notion de Maîtres secrets ou de Supérieurs Inconnus chère à certaines traditions.
En 1784, Cagliostro fonda le Rite égyptien de la franc-maçonnerie, qui incorporait des éléments des enseignements hermétiques, kabbalistiques et égyptiens dans un système initiatique unique. Le Rite égyptien de Cagliostro comprenait un ensemble de hauts grades maçonniques, qui visaient à transmettre les mystères égyptiens et à promouvoir la transformation spirituelle de ses membres.
- La diffusion de la Haute Maçonnerie égyptienne
Le Rite égyptien de Cagliostro a suscité un grand intérêt et a été adopté par plusieurs loges maçonniques en Europe, notamment en France, en Italie et en Allemagne. Les membres de ces loges ont été initiés aux hauts grades de la Haute Maçonnerie égyptienne et ont commencé à étudier et à pratiquer les enseignements ésotériques de Cagliostro.
Toutefois, la Haute Maçonnerie égyptienne a également été confrontée à la controverse et à la persécution, en raison de ses liens avec l’occultisme et les mouvements politiques révolutionnaires de l’époque. Après la mort de Cagliostro en 1795, le Rite égyptien a connu un déclin et a été largement oublié pendant plusieurs décennies.
Le Rite égyptien de l’Ordre Maçonnique Hermétique et la disparition du Grand Cophte
- La naissance du Rite égyptien de l’Ordre Maçonnique Hermétique
Après la disparition du Grand Cophte, alias Cagliostro, en 1795, le Rite égyptien de l’Ordre Maçonnique Hermétique a émergé pour préserver et perpétuer les enseignements ésotériques et initiatiques de la Haute Maçonnerie égyptienne. Ce nouveau Rite conserve la structure interne de la Haute Maçonnerie égyptienne, avec un système de trois hauts grades, tout en adaptant les noms des grades pour refléter ses propres traditions et objectifs.
- La loge de Venise et le lien avec Cagliostro
La loge créée à Venise en 1788 représente un lien crucial entre Cagliostro et l’Ordre Maçonnique Hermétique. Cette loge a été fondée par un groupe de sociniens, adeptes d’une branche du protestantisme, à qui Cagliostro avait accordé une patente de constitution. Bien qu’initialement enracinée dans les enseignements de Cagliostro, la loge de Venise a été fortement influencée par la pensée protestante et a progressivement abandonné la rituélie magico-kabbalistique au profit de références templières, s’éloignant ainsi des origines égyptiennes et hermétiques du Rite.
- La fondation du Rite Kabbalistique Égyptien
En 1798, une dizaine d’années après la création de la loge de Venise, un groupe de frères issus de cette loge, mécontents des changements qui avaient éloigné la loge de ses racines ésotériques, ont décidé de fonder le Rite Kabbalistique Égyptien. Ce nouveau Rite avait pour objectif de rétablir et de préserver les enseignements ésotériques et initiatiques de la Haute Maçonnerie égyptienne, en mettant l’accent sur la Kabbale et les traditions égyptiennes.
- Le Rite Kabbalistique Égyptien dans l’Ordre Maçonnique Hermétique
Serge Hutin, un érudit ésotérique et maçon de haut rang, a joué un rôle essentiel dans la transmission du rite kabbalistique égyptien. Ayant atteint les hauts grades au sein du Rite Écossais, Serge Hutin était profondément engagé dans la quête de la Connaissance ésotérique et souhaitait créer une loge maçonnique qui pratiquerait un rite égyptien fidèle aux enseignements de Cagliostro.
Dans sa mission de créer une loge égyptienne, Serge Hutin s’est associé à Bernard Lancelot, un autre maçon expérimenté qui avait déjà été initié à la maçonnerie égyptienne à travers le Grand Sanctuaire Adriatique. Ensemble, ils ont travaillé à établir les bases pour la création d’une loge pratiquant le rite kabbalistique égyptien.
Avec l’aide de cinq autres maçons membres de l’association ALPHA, Hutin et Lancelot ont réussi à créer une loge égyptienne à Montpellier. Le groupe initial était composé de sept maîtres maçons, un nombre considéré comme adéquat selon la tradition pour rendre une loge « juste et parfaite ».
- Les enseignements de la Haute Maçonnerie égyptienne
La Haute Maçonnerie égyptienne est caractérisée par un riche corpus d’enseignements ésotériques et initiatiques, qui s’inspirent de diverses sources, notamment l’hermétisme, la Kabbale, l’alchimie et les mystères de l’Égypte ancienne. Les membres de la Haute Maçonnerie égyptienne cherchent à approfondir leur compréhension des lois universelles, à développer leurs facultés spirituelles et à réaliser leur potentiel divin.
Parmi les principaux enseignements de la Haute Maçonnerie égyptienne, on peut citer :
- La cosmogonie égyptienne : Les membres étudient les mythes et les symboles égyptiens pour comprendre la création de l’univers et les forces qui le gouvernent.
- Les sciences occultes : La Haute Maçonnerie égyptienne enseigne des disciplines ésotériques telles que l’astrologie, la géomancie et la magie, qui sont utilisées pour explorer les aspects cachés de la réalité et pour développer les pouvoirs intérieurs de l’individu.
- La philosophie hermétique : Les enseignements d’Hermès Trismégiste, notamment le Corpus Hermeticum et la Table d’Émeraude, constituent une base fondamentale pour la doctrine et la pratique de la Haute Maçonnerie égyptienne.
- La transformation spirituelle : La Haute Maçonnerie égyptienne vise à guider ses membres à travers un processus de transformation intérieure, qui implique la purification de l’âme, l’éveil de la conscience et l’union avec le divin.
L’installation d’un Grand Maître et le mystérieux « Frère d’Héliopolis »
L’installation d’un Grand Maître est un événement solennel. La cérémonie est conçue pour être très émouvante, car elle représente un moment où le Grand Maître se voit investi d’une mission cosmique. Cette mission implique la responsabilité de guider l’Ordre et de préserver les enseignements ésotériques qui sont au cœur de la maçonnerie.
Bien que Serge Hutin ait joué un rôle clé dans la création de la loge égyptienne de Montpellier et la transmission du rite kabbalistique égyptien, il n’a pas été celui qui a officiellement installé Bernard Lancelot en tant que Grand Maître. Serge Hutin a cependant assisté à la cérémonie et a servi d’intermédiaire pour organiser le rendez-vous. Celui qui a dirigé l’installation de Bernard Lancelot en tant que Grand Maître était vraisemblablement un représentant d’une société initiatique supérieure. Au cours de la cérémonie, cet individu se faisait appeler le « Frère d’Héliopolis », en référence à la ville antique d’Héliopolis en Égypte, un centre majeur de la connaissance ésotérique et des mystères.
Serge Hutin n’a jamais révélé la véritable identité du « Frère d’Héliopolis », malgré les questions posées à ce sujet. Il est probable que cette discrétion était intentionnelle, afin de préserver le secret entourant l’identité et les activités de cette figure initiatique. Il est possible que le « Frère d’Héliopolis » ait été un individu occupant une position élevée au sein de la hiérarchie initiatique, dont le rôle était de superviser et de guider les loges maçonniques dans leur quête de la Connaissance ésotérique.
Le maintien du secret et du mystère entourant l’identité du « Frère d’Héliopolis » et d’autres figures similaires est en accord avec les traditions ésotériques et initiatiques de la maçonnerie. Ne parle-t-on pas dans certaines traditions des « Supérieurs Inconnus » ?
Aujourd’hui, le Rite Kabbalistique Égyptien est pratiqué au sein des loges de l’Ordre Maçonnique Hermétique. Ce Rite représente la continuité des enseignements de la Haute Maçonnerie égyptienne et de Cagliostro, en intégrant des éléments de la Kabbale et des mystères de l’Égypte ancienne. Les membres de l’Ordre Maçonnique Hermétique suivent un parcours initiatique structuré en trois hauts grades, qui vise à approfondir leur compréhension des lois universelles, à développer leurs facultés spirituelles et à réaliser leur potentiel divin.
En conclusion, le Rite égyptien de l’Ordre Maçonnique Hermétique est un exemple de la résilience et de l’évolution des enseignements ésotériques et initiatiques de la Haute Maçonnerie égyptienne. Malgré les défis et les transformations au fil du temps, l’Ordre Maçonnique Hermétique continue de préserver et de transmettre les enseignements de Cagliostro et de la Haute Maçonnerie égyptienne à travers le Rite Kabbalistique Égyptien, assurant ainsi la pérennité de cette tradition initiatique et ésotérique.