Questions-Réponses
La Franc-Maçonnerie
Voici quelques extraits de notre monographie « L’Ordre Maçonnique Hermétique » qui est un interview par un journaliste d’un des responsables de notre Ordre.
- Questions sur le fonctionnement de l'Ordre Maçonnique Hermétique et ses rapports avec les autres
obédiences maçonniques et sociétés initiatiques ?Comment se situe l’Ordre Maçonnique Hermétique par rapport aux autres
obédiences maçonniques ?L’Ordre Maçonnique Hermétique n’a pas la prétention d’être la seule organisation maçonnique valable. Il faut savoir qu’il existe plusieurs courants en maçonnerie, notamment le courant écossais et le courant égyptien. Chacun a sa propre spécificité.
Nous avons le plus profond respect pour les autres obédiences maçonniques. Certaines font un travail nettement différent du nôtre, mais néanmoins tout à fait valable et intéressant.
Je me souviens, dans la Loge où j’ai reçu la Lumière, il y avait écrit à l’Orient cette phrase qui restera toujours gravée en moi :
« Si tu diffères de moi, mon Frère, loin de me léser, tu m’enrichis ! »
Cette tolérance est une valeur essentielle en franc-maçonnerie et elle a su me la communiquer dès le départ : jamais de discrimination religieuse, sociale ou raciale ! En fait, bien au-delà des Rites, l’unité de la Franc-maçonnerie repose sur les mêmes principes de liberté et de fraternité qui relient les maçons entre eux.
Tous les maçons se considèrent comme des frères et se réfèrent aux mêmes principes, ceux des “Constitutions d’Anderson”.
En fait, bien au-delà des Rites, l’unité de la franc-maçonnerie repose sur les mêmes principes de liberté et de fraternité qui relient les maçons entre eux.
Les Ordres Maçonniques Egyptiens sont toutefois trés différents des autres Ordres Maçonniques. Pouvez-vous expliquer ces différences ?
Historiquement, la Maçonnerie Egyptienne a toujours été située en marge des obédiences « classiques ». Autrefois même, elle ne possédait pas de loges bleues et recrutait ses membres parmi les maîtres-maçons formés dans les autres rites.
Actuellement encore, nous avons parmi nos membres certains frères venus d’autres rites. Ils représentent une faible proportion de nos effectifs, mais ils sont les bienvenus. Je tiens à préciser que ces frères ne quittent jamais l’obédience d’où ils viennent et perçoivent plutôt notre enseignement comme un complément à ce qu’ils apprennent ailleurs.
En Maçonnerie Egyptienne, la plus grande discrétion a toujours été exigée des membres, à tel point que nous demandons aujourd’hui à ceux ayant une double affiliation et qui visitent une autre loge, de ne jamais se présenter en tant que maçon-égyptien, mais en tant que frère de l’autre obédience dont il font partie.
Cette spécificité de la Maçonnerie Egyptienne lui a valu à une époque l’opposition des autres obédiences maçonniques qui supportaient mal qu’une autre organisation recrute en leurs rangs. Cela d’autant plus que le fonctionnement des rites Égyptiens est bien différent de celui des autres rites. Par exemple ma fonction de Grand Maître n’a pas d’équivalent dans les autres Rites. En effet, en maçonnerie égyptienne, le Grand Maître (ou Grand Hiérophante selon le cas) est désigné ad vitam au lieu d’être élu démocratiquement et pour quelques années seulement.
Cela signigfie-t-il que vous êtes contre la démocratie ?
Pas du tout ! Nous ne sommes pas contre la démocratie en politique. Mais simplement, à l’intérieur d’un Ordre Initiatique, nous considérons que la lumière vient d’en haut, et qu’il appartient donc aux membres les plus avancés à éclairer les autres. L’expérience a d’ailleurs prouvé que dans le monde initiatique, l’autocratie donnait de meilleurs résultats par rapport à la démocratie. La démocratie est souvent source de divisions et génère la formation de clans dans le but de prendre le contrôle du groupe.
Je crois que votre Ordre est mixte, c’est-à-dire accepte en son sein à la fois des femmes et des hommes. Pouvez-vous préciser ce point ?
Nous ne sommes pas le seul Ordre Maçonnique a avoir adopté la mixité. Il y a aussi l’obédience dite « Le Droit Humain » qui dès l’origine a été mixte.
Pour nous la mixité est un atout. Car il y a certaines choses qui ne peuvent être bien comprises qu’avec un esprit de femme, et d’autres avec un esprit d’homme bien sûr. Si les femmes ne peuvent pas faire partie d’une Loge, celle-ci se prive alors d’un éclairage complémentaire sur les sujets abordés. Dans ma vie de maçon, j’ai fréquenté à la fois des Loges mixtes et des Loges non-mixtes. J’ai pu constater que l’ambiance était dans chacun des cas très différente, et pour tout vous dire, je préfère l’ambiance des Loges mixtes.
D’un point de vue historique, et c’est là un argument majeur en faveur de la mixité, on sait maintenant qu’il y avait dès le départ des femmes dans les premières Loges de maçons opératifs
- Questions sur les problèmes de filiation et l'origine de l'Ordre Maçonnique Hermétique
Pensez-vous, comme l’affirme René Guénon, qu’il existe une tradition initiatique primordiale ?
Je ne le pense pas, en tous cas si l’on appelle « tradition primordiale » un enseignement initiatique qui se serait perpétué inchangé au fil du temps. La Connaissance initiatique n’est pas quelque chose de figé. Je considère plutôt que la lumière va croissant et que l’enseignement initiatique s’est enrichi au fil des siècles de nouvelles connaissances.Disons qu’il y a eu au départ une base de Connaissances déjà assez importantes, mais qu’à partir de là, de nouvelles connaissances sont apparues au fil du temps. Je précise : ces ajouts n’ont pas été inventés par les hommes, mais recueillis «d’en haut » au fur et à mesure qu’ils étaient prêts à les recevoir.
Pour rester toujours dans la pensée de Guénon, pensez-vous qu’il y ait des société initiatiques et d’autres contre-initiatiques ?
Je ne partage pas entièrement la vision de Guénon dans ce domaine.
Je pense que le problème de la fausse initiation se pose surtout à un niveau individuel. Les faux initiés sont ceux qui se déguisent en initiés, font semblant de tenir un discours d’initié, alors qu’en réalité ils n’éprouvent aucun intérêt pour la démarche initiatique et ne sont là que par ambition personnelle. Mais on peut rencontrer des faux initiés dans la plupart des ordres initiatiques, même les plus authentiques.Toutefois, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. S’il y a parfois de faux initiés ce n’est pas une raison pour rejeter le monde initiatique. L’idéal maçonnique en particulier est noble et pur car la franc-maçonnerie, quel que soit son rite, est au service de l’humanité : il s’agit de bâtir le Temple intérieur, autrement dit de développer les qualités spirituelles de l’adepte, et ensuite le Temple extérieur, c’est-à-dire une société idéale.
Cet idéal restera toujours celui d’une majorité de francs-maçons et cela même s’il y a parfois quelques brebis galeuses !
Au sein même de la franc-maçonnerie, y a-t-il selon vous des
organisations maçonniques « régulières » et d’autres « irrégulières » ?A l’heure actuelle, les notions de maçons réguliers et irréguliers n’ont plus guère cours. Historiquement seraient régulières uniquement les obédiences reconnues par la Grande Loge Unie d’Angleterre (une seule obédience en France, la GLNF, jouit d’une telle reconnaissance). Mais au nom de quelle autorité spirituelle aurait-on le pouvoir de décider « d’excommunier » certains frères ?
En réalité, rares sont les organisations initiatiques qui possèdent une réelle filiation, c’est-à-dire qui s’inscrivent dans le cadre d’une chaîne temporelle avec une transmission attestée par des documents. En maçonnerie, c’est le cas peut-être des loges descendants en ligne directe de la maçonnerie anglaise. Mais cela n’enlève rien à la valeur des travaux effectués par les autres obédiences.
Pour moi, un groupe de maçons devient régulier par la qualité de ses travaux et l’authenticité de son idéal. Et cela aucune chartre ou patente ne peut le lui transmettre.
Si nous devons parler de « régularité », il s’agit plus en fait d’une régularité spirituelle que matérielle. Car de toutes manières, et c’est là un point très important, les filiations que l’on nous présente, ne concernent que l’aspect matériel de la franc-maçonnerie et non son côté spirituel.
Pouvez-vous préciser ce point ?
Au sein des premières loges de francs-maçons qui se réunissaient à Londres dans des tavernes, il n’y avait pas d’enseignement métaphysique. Ce n’est qu’au fil du temps, en acceptant en son sein des hermétistes que la maçonnerie a recueilli un contenu initiatique spiritualiste, contenu je le répète, qui était absent au départ.
En somme, la franc-maçonnerie a fourni à cet enseignement un véhicule matériel pour lui permettre de se manifester. Mais la connaissance initiatique dont la maçonnerie a été alors dépositaire, lui est bien antérieure. Il serait donc plus intéressant de poser le problème du point de vue de la filiation spirituelle.
- Questions sur la nature de la formation dispensée par l'Ordre Maçonnique Hermétique ?
Quelle est la nature de la formation qui est dispensée par l’Ordre Maçonnique Hermétique ?
Notre Ordre a des préoccupations métaphysiques et nous nous interrogeons sur des thèmes tels que :– Pourquoi suis-je sur Terre ?
– D’où est-ce que je viens ?
– Où irai-je ensuite ?
Mais je voudrais insister sur le fait que notre formation est avant tout pratique. Le but n’est pas d’inculquer à nos membres de belles théories mais de leur donner des techniques qui vont leur permettre d’acquérir de nouvelles facultés qu’ils pourront utiliser ensuite dans leur vie quotidienne. Il y a bien sûr un minimum de théories car avant de pratiquer un exercice il est bon de savoir quelles sont les forces qui vont être utilisées; mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel réside dans les exercices que nous indiquons et que le membre doit réaliser sur lui-même.
Notre formation est, comme je vous l’ai expliqué, à la fois écrite, sous forme de cours envoyés à nos membres, et orale lors de réunions, tenues de Loge et séminaires.
L’enseignement écrit est structuré en 7 niveaux successifs : un Niveau préliminaire, les Niveaux I, II, et III, suivis de trois autres Niveaux dans notre Cercle Intérieur. Chaque niveau représente un pas en avant sur le chemin de l’initiation et correspond à certaines acquisitions particulières que le membre doit réaliser.
Le Niveau préliminaire présente une vue d’ensemble de notre enseignement, la plupart des sujets abordés étant ensuite repris et approfondis dans les niveaux suivants. C’est cependant le niveau le plus important car c’est la base de tout notre édifice. D’ailleurs, nos anciens membres disent souvent qu’il contient tout, même si on ne s’en aperçoit pas dès la première lecture. Aussi, certains ont pris l’habitude de le relire et à chaque lecture ils y découvrent de nouvelles choses. A l’issu du Niveau préliminaire, il y a deux techniques essentielles que le membre doit avoir appris à maîtriser : l’auto-hypnose et la visualisation. En effet, de nombreux exercices rencontrés plus loin font appel à ces techniques.
Le niveau suivant, le Niveau Un, traite principalement de la médecine métaphysique, et à travers de nombreux exercices a pour objectif de favoriser l’état de santé de nos membres, tant sur le plan physique que psychique. L’un des exercices les plus importants délivré alors est la catharsis, sorte d’auto analyse, qui permet au membre d’extérioriser les éléments négatifs refoulés en lui afin de s’en libérer. Il y a aussi d’autres exercices basés sur l’accumulation du prana, cette énergie présente dans l’air, afin de charger le corps en force vitale.
Au cours du Niveau Deux nous commençons à aborder les principes hermétiques ainsi que les arts divinatoires. Une puissante technique de méditation est délivrée alors, permettant le contact avec son être intérieur.
Lors du Niveau Trois, nous étudions les sons vocaux, les mantras, et indiquons comment les utiliser dans le but d’éveiller nos centres psychiques. Dans l’un des cours de ce Niveau nous donnons un tableau mettant en rapport les 7 centres psychiques avec 7 sons vocaux et 7 notes de musique sur lesquelles il faut les entonner. Ce niveau comporte aussi une série de leçons sur les ondes de forme et l’enseignement des druides.
Les Niveaux existant au-delà du troisième, sont regroupés sous l’appellation de Cercle Intérieur. On accède aux arcanes de ces hauts niveaux en franchissant symboliquement trois Portails successifs.
Dès le Premier Portail franchi, l’enseignement prend un caractère différent, plus initiatique et plus poussé. Les cours traitent alors des plus hauts pouvoirs métaphysiques de l’être humain tels que la projection de la conscience hors du corps ou la modification de la réalité expérimentée grâce au pouvoir de notre esprit.
Après avoir franchi le Second Portail symbolique, le membre reçoit un enseignement confidentiel portant sur l’alchimie et la théurgie. Cet enseignement correspond au début des Arcana Arcanorum, de la franc-maçonnerie égyptienne.
Vient ensuite le Troisième Portail mais je ne suis autorisé à vous dévoiler les sujets et les expériences divulgués à ce stade très avancé de la quête initiatique.
Je précise enfin que l’enseignement écrit ne contient pas tout. Car, comme les règles initiatiques l’exigent, certaines instructions ou détails complémentaires ne peuvent être divulguées qu’oralement, d’où la nécessité du travail en Loge.
- Questions sur la franc-maçonnerie égyptienne et Cagliostro ?
L’Ordre Maçonnique Hermétique se rattache au Rite Egyptien de Cagliostro. Mais quelle est exactement l’histoire de cette franc-maçonnerie égyptienne à laquelle vous revendiquez l’appartenance ?
Sur le plan historique, nous pouvons effectivement tenter de retracer l’histoire de la Maçonnerie Egyptienne, sans qu’il y ait cependant une filiation ininterrompue entre l’origine de la maçonnerie égyptienne et l’Ordre Maçonnique Hermétique. Je le répète, notre filiation est avant tout spirituelle et nous ne revendiquons pas une filiation historique. L’Ordre Maçonnique Hermétique se rattache aux premières loges égyptiennes avant tout par ses idéaux et par ses intentions.
Cette histoire de la maçonnerie égyptienne remonte aux écoles de mystère de l’Ancienne Egypte où était délivré un enseignement secret et pratiqué des rituels initiatiques. Je pense notamment aux initiations aux mystères d’Isis et d’Osiris.Ensuite, cette tradition a suivi un long parcours : Elle a été transmise à l’Occident en passant par la Grèce et les mystères d’Orphée. N’oublions pas que Pythagore (fondateur de l’École de Crotone), tout comme Platon, ont séjourné et ont été initiés en Egypte.
Puis, quand se dispersa l’école de Crotone, l’influence égyptienne se propagea en Italie, en particulier à Naples. .L’Ecole de Naples constitua alors la tête de pont de l’hermétisme. L’Italie, en raison de sa situation géographique était en effet plus ouverte aux influences proche orientales que le reste de l’Europe.
La campagne d’Égypte de Bonaparte (1798-1799) a joué ensuite un rôle très important dans le développement de la Maçonnerie Égyptienne. Il y avait à l’époque de nombreuses Loges militaires qui revinrent d’Egypte avec un engouement particulier pour ce pays. C’est donc tout naturellement qu’elles décidèrent à leur retour d’opter pour le Rite Egyptien. On peut citer parmi ces loges, les Frères Artistes de Paris, qui comprenait trois grades : Aspirant, Initié, Membre des Grands Mystères.
Notons pour la petite histoire qu’en 1798, pendant la campagne d’Egypte, Napoléon Bonaparte, ainsi qu’un certain nombre de ses officiers, entre autres Kleber, qui étaient déjà des maçons écossais, ont été initiés au Rite Egyptien au pied de la pyramide de Kheops.
Quelques dates marquantes sont à retenir si l’on veut bien comprendre le cheminement de la tradition spirituelle au fil des siècles :
– Au 15ème siècle, un philosophe italien, Giordano Bruno, parle à ses contemporains de la sagesse égyptienne. Il sera à cette époque là brûlé par l’Inquisition. A la même époque sont traduits en latin les textes du Corpus Herméticum. Ces textes constitueront plus tard une partie du « fond doctrinal » de la Maçonnerie Egyptienne.
– En 1614, apparaît : le “Fama Fraternitatis”, premier manifeste rosicrucien.
– Eu 18ème siècle, Cagliostro (1743-1795) puise dans les éléments de l’Ecole de Naples pour fonder le rite maçonnique égyptien.
– En 1791, le célèbre opéra maçonnique « La Flûte Enchantée » est joué pour la première fois à Vienne. Cet opéra a pour thème central le chemin de l’initiation à travers les mystères de l’Ancienne Egypte.
Qui était au juste Cagliostro ?
Cagliostro (*) est un personnage central de la Maçonnerie égyptienne.
De son vrai nom Joseph Balsamo, c’est lui qui a révélé à la maçonnerie le Rite Égyptien. C’est le 24 décembre 1784 que Cagliostro crée à Lyon, la première loge maçonnique égyptienne, la « Loge de la Sagesse Triomphante ».Le Rite pratiqué alors par Cagliostro était le Rite de la Haute Maçonnerie Egyptienne.
Ce Rite comportait 3 hauts grades :
– Apprenti égyptien,
– Compagnon égyptien,
– Maître égyptien.A partir de ce modèle élaboré par Cagliostro ont été élaborés par la suite de nombreux rites dits «égyptiens». Je rappellerai ici que le Rite pratiqué par l’Ordre Maçonnique Hermétique, possède lui aussi 3 hauts grades et se conforme ainsi au modèle défini par Cagliostro.
Pourquoi si peu de grades alors que d’autres Rites en comptent 33 voire 95?
L’ Ordre Maçonnique Hermétique, fidèle en cela à Cagliostro, n’est pas pour la multiplication des grades. Le véritable cheminement initiatique ne se résume pas à une collection de grades aux titres de plus en plus « ronflants ». Il ne faut jamais oublier que les grades conférés doivent être le reflet d’une évolution intérieure, sans laquelle ils deviennent vide de sens.